Egypte : l'ONU condamne les persécutions et mauvais traitements de journalistes



31 janvier 2014 – Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a exprimé vendredi sa préoccupation face à l'intensification de la répression des médias en Egypte ainsi que des attaques contre les journalistes, empêchant les médias de travailler librement.
« Au cours des derniers mois, nous avons reçu de nombreuses informations concernant le harcèlement, la détention et la persécution des journalistes égyptiens et internationaux ainsi que des attaques violentes qui ont blessé des journalistes tentant de couvrir le troisième anniversaire de la révolution égyptienne, qui a eu lieu le weekend dernier », a expliqué le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d'une conférence de presse à Genève.
« Selon des informations non confirmées, plusieurs journalistes ont été blessés par balles réelles et avec des balles recouvertes de caoutchouc samedi dernier, tirés aussi bien par des opposants au gouvernement que par les forces de sécurité. Cela accentue davantage la situation dangereuse dans laquelle se trouvent les journalistes qui travaillent dans le pays », a-t-il ajouté.
Un grand nombre de journalistes ont également été arrêtés par les autorités, mais la plupart ont depuis été relâchés. Mercredi, le Procureur général de l'Égypte a annoncé l'inculpation de 16 journalistes locaux et de quatre journalistes internationaux qui auraient travaillé pour le compte de la chaîne de télévision Al Jazeera, et qui sont accusés d'avoir « aidé un groupe terroriste » et « nui aux intérêts nationaux », des chefs d'accusation très vagues.
« Cela montre non seulement que, depuis la chute de l'ancien gouvernement en juillet, les autorités visent systématiquement les employés d'Al Jazeera, dont cinq autres sont déjà détenus, mais aussi que cette répression accentue les craintes des journalistes en général, ce qui est très néfaste pour la liberté d'expression et d'opinion », a souligné le porte-parole du HCDH.
Des journalistes qui travaillent pour d'autres médias auraient eux-aussi été attaqués par des manifestants pro-gouvernementaux simplement parce qu'ils étaient soupçonnés de travailler pour Al Jazeera.
« Une vidéo montrerait un policier qui menace une équipe de cameramen qui travaillent pour une autre chaîne de télé, de dire à la foule qu'ils travaillent pour Al Jazeera s'ils n'arrêtent pas de filmer, pour qu'ils se fassent agressés. Si cela est confirmé ça démontrerait la véracité des accusations que la campagne contre Al Jazeera va jusqu'à l'incitation à la violence », a indiqué M. Colville.
« Nous exhortons les autorités égyptiennes à libérer immédiatement les journalistes détenus qui ne faisaient rien d'autre que leur travail légitime d'informer sur ce qui se passe. Il relève de l'obligation de l'État d'assurer la liberté d'expression, et de permettre aux journalistes de couvrir et d'informer sur la situation actuelle en Égypte », a-t-il ajouté, en exigeant des enquêtes indépendantes et transparentes sur l'ensemble de ces incidents.

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