A Genève, des hauts responsables de l'ONU appellent à la compassion envers les migrants

A Genève, des hauts responsables de l'ONU appellent à la compassion envers les migrants



29 février 2016 – A l'ouverture de la 31ème session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, à Genève, des hauts responsables des Nations Unies ont appelé lundi les Etats membres à ne laisser personne de côté et notamment à faire preuve de compassion envers les civils fuyant les violations systématiques de leurs droits dans leurs pays d'origine.

« Tout au long de mon mandat, j'ai souligné l'importance des pratiques démocratiques, à commencer par le droit des personnes à se faire entendre aux travers des urnes », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, devant les membres du Conseil des droits de l'homme.

M. Ban a également insisté sur son engagement en faveur des droits de toutes les personnes, indépendamment de leur appartenance ethnique et religieuse, de leur classe ou de leur orientation sexuelle.

« Dans de nombreux pays, les lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et personnes intersexuées sont victimes de violences brutales et parfois mortelles », a notamment indiqué le chef de l'ONU, déplorant le nombre de personnes dans le monde faisant toujours l'objet d'un déni systématique de leurs droits.

Face à cette situation, mais aussi à la multiplication des conflits et la montée en flèche des besoins humanitaires, M. Ban a appelé les Etats membres à faire davantage pour prévenir les crises et protéger les populations.

« Ce sera l'un des principaux appels à l'action lors du premier Sommet humanitaire mondial de l'histoire des Nations Unies, qui aura lieu à Istanbul, les 23 et 24 mai prochains », a-t-il indiqué.

Faisant écho aux propos du Secrétaire général, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a quant à lui rappelé au Conseil que, durant l'année écoulée, les piliers juridiques que sont le droit international des droits de l'homme et le droit international humanitaire ont été honteusement violés dans de multiples conflits et en toute impunité.

« Tel a été le cas pendant cinq longues années en Syrie, avant la cessation temporaire des hostilités qui a commencé la semaine dernière », a-t-il indiqué, rappelant que des quartiers entiers, des écoles et des marchés ont été touchés par des dizaines de milliers de frappes aériennes dans le pays.

« Des milliers de bombes barils ont été jetées depuis des hélicoptères dans les rues et sur les maisons. Des tirs de mortier et d'artillerie, et des engins explosifs improvisés ont été utilisés sans tenir compte de la vie des civils », a insisté le Haut-Commissaire.

M. Zeid s'est dit particulièrement choqué par les destructions d'établissements de santé, qui bénéficient pourtant d'une protection spéciale en vertu du droit international humanitaire. Au moins 10 hôpitaux, a-t-il précisé, ont été endommagés en Syrie depuis janvier 2016, soit plus d'une fois par semaine, et à plusieurs reprises une deuxième série de frappes a pris pour cible les opérations de sauvetage déployées sur ces sites.

« La répétition de ces attaques meurtrières suggère que certaines parties au conflit ciblent délibérément, ou [en tout cas] avec insouciance, les unités médicales », a déclaré le chef des droits de l'homme de l'ONU, ajoutant que ces frappes privent un grand nombre de personnes vulnérables de leur droit à la santé et mettent en péril leur droit à la vie.

Le Haut-Commissaire a par ailleurs dénoncé l'utilisation délibérée de la famine comme arme de guerre, notamment dans le cadre des sièges, qui privent les civils syriens de biens essentiels comme la nourriture. A l'heure actuelle, a-t-il indiqué, plus de 450.000 personnes sont emprisonnées dans les villes et villages assiégés en Syrie, dont des milliers d'entre eux risquent de mourir de faim.

Outre la Syrie, M. Zeid a mentionné des cas similaires de violations graves et systématiques des droits des populations civiles dans de nombreux pays, y compris l'Afghanistan, le Burundi, l'est de la République démocratique du Congo (RDC), les Etats autour du lac Tchad qui ont subi les attaques de Boko Haram, l'Iraq, la Libye, le Mali, la Palestine, la Somalie, le Soudan du Sud, le Soudan, l'Ukraine et le Yémen.

Ce sont les circonstances que les migrants sont amenés à fuir de plus en plus nombreux, a poursuivi le Haut-Commissaire.

« Le traumatisme qu'ils ont subi est épouvantable ; ils méritent la sympathie et la compassion de la communauté internationale. La migration est un fait fondamental de l'histoire humaine qui exige le partage global de la responsabilité », a déclaré M. Zeid. « Mais aujourd'hui, à l'opposé, nous constatons l'hostilité, le désarroi et la montée fracassante de la xénophobie ».

Sur ce point, le Haut-Commissaire a estimé que les rhétoriques développées contre les migrants et les minorités ne font qu'affaiblir et diviser les sociétés.

« Lorsque les dirigeants prononcent, ou encouragent, des discours de haine, comme nous l'avons vu ces derniers mois à l'encontre des migrants et de groupes ethniques et religieux spécifiques, ils produisent des ondes de choc qui vont invariablement conduire à la violence », a déploré M. Zeid.

Le Haut-Commissaire a appelé les Etats à mettre en œuvre un nouvel ensemble de politiques concertées capables de donner aux populations civiles l'espoir qu'elles seront un jour en mesure de vivre dans des sociétés justes et équitables, et dans leurs propres maisons.

« D'ici là, nous devons accueillir de façon saine, avec compassion et en vertu de nos principes, les personnes qui fuient [leur pays] pour survivre », a dit M. Zeid. « Je prie instamment les États membres à s'élever au-dessus de la montée de la xénophobie et à tirer les leçons des grands courants d'intégration de l'Histoire ».

Sur la question des migrants, le Secrétaire général de l'ONU a de son côté rappelé la promesse faite par les Etats dans le cadre de leur adoption du Programme de développement durable à l'horizon 2030, en septembre 2015, de ne laisser personne de côté, notamment les plus vulnérables.

« Beaucoup d'entre ces plus vulnérables sont des migrants, des réfugiés, des personnes déplacées et des apatrides. Elever des barrières infranchissables et durcir les régimes de demande d'asile ne fera rien pour régler les problèmes à l'origine de ces déplacements massifs de populations », a déclaré M. Ban.

Le chef de l'ONU a indiqué qu'au travers du Programme de développement durable à l'horizon 2030, les Etats se sont précisément engagés à reconnaitre la contribution positive des migrants et à veiller à ce que les migrations se déroulent dans le plein respect des droits de l'homme.

« Nous avons besoin d'une vision plus positive du rôle des migrants et des réfugiés », a-t-il dit.

Le Secrétaire général de l'ONU a par ailleurs dénoncé les violations systématiques et généralisées des droits humains en République populaire démocratique de Corée, notamment mis en lumière dans un rapport du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, publié en décembre dernier.

« Dans l'esprit du Programme de développement à l'horizon 2030, le système des Nations Unies doit continuer à travailler avec les gouvernements de tous les États qui nient systématiquement les droits humains », a appelé M. Ban.

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